Bassin versant de la rivière Noire:
de la compréhension à l’action

Ghislain Poisson, agronome
conseiller en agroenvironnement
Direction régionale de la Montérégie, secteur est
Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec

Mercredi, 25 octobre 2000




Bassin versant de la rivière Noire:
de la compréhension à l’action

La rivière Noire est le principal effluent de la rivière Yamaska et elle se jette dans celle-ci à quelques kilomètres au sud de Saint-Hyacinthe. Son bassin versant s'étend sur plus de 1 571 km2, soit le tiers de la superficie du bassin versant de la Yamaska (un bassin versant étant le territoire qui recueille l’ensemble des eaux de ruissellement et les évacue par un cours d’eau unique). La qualité de l’eau d’un cours d’eau comme la rivière Noire dépend donc fortement de la façon dont l’écosystème du bassin versant est géré.

On trouve dans le bassin versant de la rivière Noire, une importante activité agricole, avec 1 265 producteurs agricoles possédant 115 213 unités animales et cultivant 62 474 hectares. La densité animale est de 1,8 unité animale/hectare cultivé comparativement à 1,6 unité animale dans l’ensemble du bassin de la rivière Yamaska. Les activités agricoles sont une cause importante de la pollution de l’eau de la rivière Noire : Delisle et al. (1998) ont déterminé que les rejets agricoles représentent près de 55 % des apports d’azote et près de 65 % des apports de phosphore.

Il faut remarquer que la qualité de l’eau de la rivière Noire s’est améliorée puisque, entre 1979 et 1997, les concentrations de phosphore totales sont passées de 0,185 à 0,119 mg-P/l, une diminution de 36 % à la station principale de Saint-Pie (Primeau, 1999). Il reste toutefois des progrès à réaliser étant donné qu’entre 0,101 et 0,200 mg-P/l, la qualité de l’eau est considérée comme étant mauvaise. Lorsque le taux de phosphore se situe entre 0,031 et 0,050 mg-P/l, on juge que la qualité de l’eau est satisfaisante. Pour améliorer davantage la qualité de l’eau de la rivière Noire, il est donc essentiel de réduire la pollution d’origine agricole.

Plusieurs pratiques agricoles permettent de diminuer les impacts sur la qualité des eaux de surface. Au cours des dernières années, beaucoup d’entreprises agricoles se sont dotées de structures d’entreposage conformes, ce qui diminue les risques de pollution ponctuelle. Plus de 200 producteurs agricoles sont membres d’un des clubs agroenvironnementaux ou de l’Association de gestion des engrais organiques (AGEO) visant l’adoption de pratiques agroenvironnementales et la confection d’un plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF). Les pratiques de conservation des sols, comme le semis direct et le travail réduit, sont de plus en plus envisagées par les producteurs agricoles, même si elles ne sont pas encore adoptées par une majorité de ceux-ci. La situation progresse, mais il reste beaucoup de chemin à parcourir.

La gestion des surplus de fumiers des entreprises agricoles est un élément auquel il faut continuer de porter une attention spéciale. Les données des fiches d’enregistrement indiquent que 382 entreprises agricoles génèrent davantage de déjections animales que les besoins de leurs cultures. Ces entreprises en surplus dépendent donc d’autres entreprises agricoles pour l’épandage d’une partie ou de la totalité de leurs déjections animales. C’est pourquoi l’AGEO s’est vu confier un mandat spécifique pour le bassin de la rivière Noire et a engagé une agronome, Mme Sylvie Richard.

En plus d’une bonne gestion des engrais de ferme, l’implantation généralisée d’autres pratiques agroenvironnementales serait susceptible d’améliorer grandement la qualité de l’eau et la qualité de l’écosystème aquatique de la rivière Noire. On pense notamment à :

Pour faciliter l’adoption de pratiques écologiques par les producteurs agricoles du bassin de la rivière Noire, le Comité agroenvironnemental multipartite du bassin de la Yamaska a choisi de cibler ses actions de façon concertée pour : suivre la qualité de l’eau, mieux comprendre les problématiques, faire connaître aux producteurs agricoles l’état de la situation et proposer des solutions. Dans ce sens, un plan d’action concret est en élaboration. C’est une histoire à suivre…

Pour en savoir plus long sur la gestion par bassin versant et le bassin versant de la rivière Yamaska consultez les sites suivants :

http://www.crem.qc.ca/bassin.htm

http://www.menv.gouv.qc.ca/sol/pratiques-agri/yamaska/index.htm

Mise à jour: 01-04-02